Présentation du projet

plateforme coopérative

Pourquoi ce projet?

La crise récente a mis en évidence la fragilité d’un système économique financiarisé et mondialisé, qui n’assure ni autonomie ni sécurité pour les populations. La relocalisation de la fabrication des produits essentiels et le localisme (consommation de produits locaux) s’imposent enfin comme des évidences, ainsi qu’une meilleure répartition des richesses produites et une démocratisation du secteur économique.

Mais le diagnostic du système économique actuel était établi bien avant la crise, et l’heure n’est plus aux discours mais aux actes : c’est précisément la raison d’être de ce projet.

Beaucoup d’entre nous partagent ces aspirations, qui sont peut-être même majoritaires dans l’opinion dorénavant. De nombreux discours vont dans ce sens, mais ils restent souvent des vœux pieux car ils ne précisent pas le « comment » ou sont soumis à l’approbation d’un quelconque décideur. C’est bien la question du "comment" qui est traitée ici : comment concrètement, en partant de zéro et sans l’aval des institutions, initier ces changements désormais impératifs ?

Partant du constat que l’économie verticale est une mécanique destructrice en roue libre, il était nécessaire de mettre en face une mécanique économique horizontale, basée sur une intelligence collective coordonnée en réseau, capable de rivaliser et de s’imposer.


Comment?

L’orientation purement opérationnelle de cette plateforme doit lui conférer une réelle utilité économique et sociale et constituer en même temps un lieu d’apprentissage de l’autogestion et de la coopération.

Nous le voyons comme un outil de « désubérisation » capable de rendre à ses utilisateurs le bénéfice de leur implication, mais également comme un moyen de transition vers une économie coopérative, solidaire et mutualisée, qui remet l'humain et l'écologie au centre des préoccupations.

Elle sera en effet dotée d’une charte éthique sociale et environnementale, dont l’acceptation sera la seule condition pour profiter des avantages de ce réseau. Tous les individus ou entités respectant cette charte pourront en devenir membres : associations, AMAP, entreprises (à commencer par les Scop), indépendants, collectivités locales (notamment les petites villes et villages souhaitant organiser un emprunt communal), etc.

Cette nouvelle mécanique économique vertueuse a pour vocation de devenir un dispositif de redistribution : l’argent qui entre dans ce système, par la vente directe en circuit court ou l’achat groupé notamment, ressort directement et pratiquement sans déperdition vers des producteurs locaux, des indépendants, des coopératives... qui jouent le jeu de l'éthique définie dans la charte. De même, en s’inspirant de l’algorithme des fourmis, le flux logistique sera conçu pour une optimisation des parcours, dans le circuit le plus court possible du réseau.

On peut distinguer 4 modalités d'échanges économiques que nous pouvons transformer avec cet outil :

  • de pair à pair (P2P), ou de particulier à particulier
  • du producteur au consommateur (P2C), expression généralement utilisée pour le circuit court alimentaire, type AMAP
  • d'entreprise à entreprise (B2B)
  • de l'entreprise au consommateur (B2C), pour tout type de produits et services

La lecture de la page dédiée à la description détaillée des modules vous renseignera sur les moyens d'y parvenir.


Stratégie de développement

La structure modulaire est également importante : le projet dans son ensemble étant conséquent, il est préférable de le découper en plusieurs étapes, ou modules fonctionnels, qui sont, pour le moment, au nombre de 11.

Il y a une chronologie à respecter dans la réalisation, car les premiers modules peuvent fonctionner avec quelques dizaines de participants, les suivants avec plusieurs milliers, et les derniers nécessitent des effectifs beaucoup plus importants, de l'ordre de la centaine de milliers de membres ou plus. Cette progressivité est la clé de l'aboutissement du projet global.

La première étape sera par exemple de réaliser les quatre premiers modules :

  • Gestionnaire de projet avec outil de décision collective
  • Financement participatif
  • Achat groupé
  • Vente directe

Si ces fonctions trouvent un écho et fédèrent suffisamment de membres, la réalisation des services suivants pourra être lancée; d’autant que certains modules nécessitent un nombre critique d’utilisateurs pour être viables, comme le covoiturage, par exemple, et a fortiori, la mutuelle ou le moteur de recherche collaboratif.

Ce projet est ambitieux, mais il est techniquement faisable et conçu de façon réaliste : sa stratégie progressive lui permet de commencer très petit et de grossir sans limite, étape par étape.

La communication nécessaire pour faire connaître la plateforme pourra être faite par chaque utilisateur dans son entourage ou via les réseaux sociaux, de façon virale, on l’espère. Chaque membre de ce réseau sera ainsi un acteur direct de son développement.


Le nom Freeco.org

Une fois la plateforme réalisée en Open Source, elle est destinée à être dupliquée dans plusieurs langues.

Le nom Freeco.org a donc été choisi pour être compris à l’international. En outre, il est court, facile à retenir et contient les principaux concepts fondateurs :

  • FREE pour libre, gratuit, indépendant, open source…
  • ECO pour économie (au vrai sens du terme) et écologie
  • CO pour coopératif et collaboratif
  • et l'extension .ORG, généralement réservée aux associations et au "non-profit"

Objectifs de la plateforme

objectifs

La création d’un réseau coopératif économique (fédération de particuliers et de professionnels) autour d’une plateforme de mise en relation a pour objectifs principaux :

  • Récupérer l’économie collaborative (accaparée par les Uber, Deliveroo, Blablacar, La ruche qui dit oui… ) via un système autogéré et associatif (désubérisation).
  • Supprimer les intermédiaires inutiles (par le circuit court, la vente directe et l'achat groupé) tout en soutenant les producteurs locaux et indépendants (localisme).
  • Constituer une force économique qui pourra imposer sa charte éthique aux entreprises souhaitant profiter des débouchés commerciaux du réseau (syndicalisme de la demande).
  • Faire baisser le prix tout en augmentant la qualité des produits et services (pas d’actionnaire à rémunérer, pas de marketing coûteux ou d’intermédiaire inutile, mutualisation de la fonction commerciale...).
  • Réunir en un seul outil un maximum de services coopératifs et collaboratifs pour créer des synergies et de l’attractivité.
  • Contribuer à la relocalisation de la production de produits essentiels et au développement de l'économie circulaire.
  • Développer un principe de péréquation solidaire pour que les plus démunis, qui n'ont presque aucun pouvoir d'achat (et donc ne peuvent pas forcément participer à la vente directe, l'achat groupé...) puissent bénéficier de la solidarité du réseau (dons d'invendus, produits à prix coûtant, organisation de cagnottes ou d'entr'aides...).
  • A terme, créer un système économique alternatif le plus autonome possible en finançant en interne la création de coopératives correspondant aux besoins exprimés par le réseau (exemples : marchés et magasins autogérés, logistique, ressources informatiques mutualisées...).

Liste des modules

modules

Vous trouverez la description détaillée de ces services sur la page consacrée aux modules, ou en cliquant dans cette liste :

Si vous n'avez pas le temps de lire l'ensemble de la page, nous vous conseillons la lecture du paragraphe concernant l'achat groupé qui résume bien le mécanisme et la philosophie de l'outil.

La charte éthique

charte éthique

Cette charte sociale et environnementale constituera à la fois les conditions d’utilisation de la plateforme et les bonnes pratiques à respecter par ses membres, et notamment les entreprises qui souhaiteront rejoindre le réseau.

Il s’agira surtout de veiller à des principes simples concernant la production :

  • la qualité des conditions de travail et de rémunération des salariés (notamment l'équité salariale)
  • La qualité du produit : critères de durabilité, indice de réparabilité, impact environnemental (équivalent carbone, bio ou non…). Il s’agit notamment de rejeter tout ce qui pourrait aller dans le sens de l’obsolescence programmée.
  • Le caractère essentiel et l'utilité du produit ou du service : pour définir ce qu’est un produit ou service essentiel, il sera possible de proposer à chaque membre de lister ce qui est indispensable selon lui en matière d’alimentation, d’énergie, de transport, d’équipements... La synthèse de toutes les listes pondérées donnera une idée de ce qu’il faut gérer en premier. Tout produit superflu ou service non nécessaire, relevant du luxe ou du gadget inutile, sera ainsi écarté.

Nombre de normes qualitatives et de labels spécialisés existent déjà. Il s'agira de sélectionner les plus pertinents sur lesquels nous pourrons nous appuyer.

La charte éthique pourra également s’inspirer des 7 principes coopératifs de l’Alliance coopérative internationale :

  • Premier principe : Adhésion volontaire et ouverte à tous
  • Deuxième principe : Pouvoir démocratique exercé par les membres
  • Troisième principe : Participation économique des membres
  • Quatrième principe : Autonomie et indépendance
  • Cinquième principe : Education, formation et information
  • Sixième principe : Coopération entre les coopératives
  • Septième principe : Engagement envers la communauté

Une charte éthique de base, rappelant les valeurs et principes qui fondent notre action, pourra être rédigée pour le lancement du site. Mais dans l’idéal, une écriture commune associant les membres est souhaitable, à la fois dans un souci démocratique et pour ne rien omettre.

Quelques exemples de projets concrets réalisables avec la plateforme

  • Magasin collectif autogéré
  • Achat et livraison groupés de marchandises dans une commune
  • Prêt communal par et pour ses habitants
  • Cagnottes d’entr'aide
  • Financement d’un projet ou d’une coopérative
  • Gestion d’une AMAP
  • Achat groupé d’énergie verte via Enercoop
  • Mutualisation de ressources (serveur informatique, moyen de transport, outils…) pour les particuliers ou les professionnels
  • Constitution d’un « syndicat » d’indépendants s’engageant à un coût horaire minimum et pouvant tisser des partenariats.
  • Création et gestion d'Uber alternatif avec géolocalisation
  • Plateforme professionnelle autogérée de livreurs indépendants
  • ...

Les étapes du projet

étapes du projet
  • Communication sur les réseaux sociaux pour faire connaître le projet et rechercher des partenaires (conseils techniques, juridiques, communication dans les médias...)
  • Réalisation du cahier des charges précis des premiers modules (en cours)
  • Chiffrage du projet pour les 4 premiers modules - Devis auprès de professionnels de l'Open Source
  • Lancement du financement participatif pour ces modules à hauteur du montant nécessaire précédemment chiffré, via une plateforme de Crowdfunding déjà existante
  • Nouvelle phase de communication pour la levée de fonds du financement participatif
  • Quand le montant est atteint, lancement de la réalisation de la plateforme puis des tests en mode Bêta
  • Lancement de la plateforme - Communication pour l'inscription des membres : AMAP, Scop, indépendants, professionnels et particuliers

De notre côté, nous assurerons bénévolement le référencement internet du site, et nous trouverons des partenaires ayant accès aux médias de masse pour le faire connaître du grand public, sans parler de l’utilisation active des réseaux sociaux, déjà abordée.

Après un certain temps de fonctionnement, et selon le nombre d’inscrits, les autres modules pourront être successivement réalisés par des campagnes de financement participatif, directement depuis la plafeforme Freeco.org cette fois.


La technologie Blockchain : fiabilité et décentralisation

blockchain

La Blockchain, technologie décentralisée de stockage, de transmission et de traitement de l’information, sera utilisée pour assurer le fonctionnement horizontal et sécurisé de la plateforme.

Le principe de la Blockchain mérite d’être présenté (sans rentrer dans les détails techniques), car les implications de cette innovation seront très importantes à l’avenir.

Il s’agit d’un registre de données « distribué » (ou partagé en Peer to Peer), totalement sécurisé et sans organe central de contrôle.

La Blockchain est connue pour être utilisée dans le fonctionnement des cryptomonnaies, comme le Bitcoin, mais ses applications potentielles sont beaucoup plus larges.

En effet, dans un monde de plus en plus numérique, un outil capable de garantir l’authenticité des échanges sans une autorité de régulation centrale, change considérablement la donne :


  • Pour la décision collective : il rend possible une démocratie décentralisée, et donc directe, car chaque vote devient infalsifiable.

  • Pour les échanges monétaires : Les cryptomonnaies constituent le moyen d'échange le plus sécurisé et ne nécessitent pas de banque pour centraliser les informations des transactions.

  • Pour la validation contractuelle : tout accord entre deux parties peut être entériné.

  • Pour le suivi et la gestion des flux : traçabilité de l'énergie verte et locale, traçabilité des aliments, optimisation de la logistique...

  • Et plus généralement, il permet de s’affranchir de tous les « tiers de confiance », dont le rôle était de gérer, enregistrer ou contrôler les échanges d’informations. En outre, il le fait de façon beaucoup plus rapide, économique et sécurisée sans divulguer ou tirer profit des données personnelles.

Ce faisant, il facilite grandement l’auto-organisation dans de nombreux domaines et il est particulièrement bien adapté au fonctionnement des modules que nous allons développer.

Enfin, son caractère transparent et synchronisé permet à chaque utilisateur d’avoir accès à l’historique des transactions à tout moment.

Même si l’expression est galvaudée, elle peut enfin être utilisée à bon escient : il s’agit bien là d’une technologie révolutionnaire.


Collaboratif vertical vs. Collaboratif horizontal

collaboratif horizontal et vertical

L’avènement du numérique a déjà profondément transformé certains modèles économiques.

Cette mutation, toujours en cours, a fait apparaître de nouveaux services dits collaboratifs.

Le terme "collaboratif" désigne le fait de réunir sur une même plateforme des utilisateurs et des producteurs de services.

L’ubérisation

Nous désignerons comme faisant partie du « collaboratif vertical » les plateformes appartenant à des grands groupes qui surfent sur cette vague du social ou du green washing et se servent du travail des producteurs pour générer des profits.

Ils mettent à disposition un service de mise en relation, essentiellement animé par ses membres, les producteurs et acheteurs, qui constituent le véritable produit du site et son contenu. Ce faisant, ils réalisent des marges de l’ordre de 25% sur les transactions, servant en partie à payer le marketing et l’actionnariat, et qu’ils répercutent finalement sur les « utilisateurs-produits ».

La possession de l’outil de production numérique, en l’occurrence la plateforme, est donc un enjeu majeur, comme l’était en son temps (et c'est toujours le cas) la propriété de l’outil productif industriel.

Voici quelques exemples de ces services collaboratifs verticaux bien connus :

  • Uber : service de transport de personne par VTC et livraison
  • Blablacar : service de co-voiturage
  • La Ruche qui dit Oui : service de « vente directe » sur le mode de l’AMAP
  • Deliveroo : service de livraison
  • AirBNB : service de logement temporaire

Prenons l'exemple de "La ruche qui dit oui", qui reprend le principe du circuit court entre producteur et consommateur, initié par les AMAP. Elle est gérée par la société "Equanum" dont on retrouve au capital Xavier Niel, fondateur de Free et à la tête d’une des dix plus grosses fortunes de France avec 5.9 milliards d’euros. Il s’agit à nouveau d’une forme d’ubérisation de la vente directe.

Augmentation des frais chez Blablacar, suppression du prix minimum par course chez Deliveroo… Une fois dépendants de ces plateformes, les utilisateurs se voient contraints d’accepter des conditions de travail de plus en plus précaires et des baisses de rémunération.
200.000 personnes sont concernées par ce type d’emplois indépendants dans le transport, le nettoyage ou le service à la personne. Leur rétribution est souvent aussi faible que leur protection sociale, le statut de micro-entrepreneur ne bénéficiant pas des acquis sociaux (congés payés, assurance chômage, conventions collectives, durée maximum du temps de travail, salaire minimum…).

Ce fonctionnement pseudo-collaboratif est surtout profitable au détenteur de la plateforme. La variable d’ajustement de ce modèle économique sera le fournisseur réel du produit ou service, qui verra sa rémunération fondre en proportion de la voracité de l’actionnariat. L’utilisateur final, quand à lui, participera à ce nouveau mode d’exploitation, sans pour autant obtenir le juste prix de la prestation.

Différence entre collaboratif et coopératif

Un modèle coopératif, ou collaboratif horizontal, a pour vocation la mise à disposition d’une plateforme à prix coûtant, dont les utilisateurs seront sociétaires.

Contrairement aux plateformes classiques soumises aux versements de dividendes, aux salaires très élevés des dirigeants et aux budgets marketing démesurés, un système coopératif peut réduire les coûts à deux postes de dépenses :

  • Les coûts de développement informatique de l’outil (qui peuvent être amortis sur une longue durée)
  • Les coûts des serveurs (hébergement, système de géolocalisation) et de la maintenance.

Ces coûts informatiques pourront d'ailleurs être encore réduits en se basant sur une technologie décentralisée en mode Peer to Peer, une décentralisation qui permet de se passer des serveurs.

Pour un service similaire, il sera possible de passer des 25% captés par intermédiaires verticaux à 5% de charges techniques (charges qui pourront encore baisser avec le temps et l’amortissement du développement initial).

Les 20% économisés pourront être répartis entre le fournisseur (qui augmentera sa rémunération de 10 à 15%) et le client qui profitera d’une remise de 5% à 10%, par exemple.

Le coût de la communication sera également très faible car chaque utilisateur et producteur pourra faire la promotion de la plateforme sur le terrain :

Par exemple, un chauffeur "Uber", ayant choisi de s’inscrire sur notre outil, pourra donner à chaque client une carte de visite ou un flyer présentant ce nouveau service, moins cher pour l’utilisateur et plus rémunérateur pour lui.

Ainsi, le service sera compétitif, pour rependre la terminologie du marché, et sera en mesure de se répandre progressivement pour remplacer, à terme, "Uber". C’est ce que nous appelons la désubérisation.